« Prendre soin des soignants dans nos CPTS » : un webinaire...

Une cinquantaine de professionnels de la santé ont participé le 4 février au premier webinaire des CPTS organisé par la Fédération des URPS et le Collectif régional des CPTS sur ce thème majeur : « Prendre soin des soignants dans nos CPTS ».

En introduction, Dr Parvine Bardon, gynécologue et élue de l’URPS-ML titulaire du DIU « Soigner les soignants » a présenté un exposé sur le professionnel de santé épuisé, ce « malade pas comme les autres », qui a plus de difficultés à se faire arrêter que d’autres professionnels en cas d’épuisement professionnel. « Le professionnel de santé doit accepter d’admettre qu’il peut être épuisé et savoir reconnaître les premiers signaux du Burn-out, c’est-à-dire en finir avec le déni, a indiqué le Dr Bardon. Il doit apprendre à prioriser et à dire non, alors qu’on lui a appris à dire oui à tout, avoir une secrétaire bien formée, tout faire pour éviter l’erreur médicale en n’étant pas surbooké ».

Le Dr Bardon a ensuite livré les 10 règles d’or pour prévenir l’épuisement :

• Faire le point régulièrement sur sa vie et se connaître soi-même ;
• Améliorer ses conditions de travail : temps, ergonomie, organisation ;
• Participer à un groupe de pairs ;
• Diversifier son activité professionnelle (en s’engageant dans une CPTS, une URPS, un syndicat, en devenant MSU, conseiller ordinal, etc.) ;
• Préserver sa vie personnelle, familiale et amicale ; prendre des vacances et avoir des loisirs ;
• Accepter ses erreurs et les analyser pour en tirer des enseignements ;
• Savoir s’affirmer et communiquer sans conflit ;
• Garder une juste distance avec ses patients ;
• Faire le point sur sa situation sociale et sa prévoyance ;
• Réfléchir à avoir un médecin traitant.

Les soins proposés aux soignants en burn-out permettent de mettre fin au déni prolongé qui aboutit à une prise en charge tardive, de les aider à accepter un arrêt de travail, ainsi que d’un soutien confraternel et bienveillant… Enfin, la prévention est essentielle, y compris pour les jeunes en formation, a conclu le Dr Bardon.

Face au Burn-out, il est possible de faire appel à un certain nombre de ressources : les associations MOTS et SPS, les conseils départementaux de l’Ordre, le Bureau interface professeurs étudiants (BIPE) et l’examen de prévention proposé aux soignants par la CPAM du Loiret. Pour compléter ce dispositif, il manque des établissements spécialisés dans l‘accueil de soignants, un répertoire des professionnels formés au soin des soignants (ayant suivi le DIU « Soigner les soignants ») et la liste des formations et ateliers de sensibilisation existant dans la région.

Le Conseil national de l’Ordre des médecins a notamment mis en place un numéro vert national unique destiné à l’écoute et l’assistance des médecins et autres professionnels de santé, le 0800 288 038.

L’association MOTS propose, quant à elle, une aide psychologique aux soignants en difficulté, quelles que soient leur profession et leur mode d’exercice, qu’ils soient en activité ou en formation, remplaçants ou retraités. Il suffit d’appeler le 0 608 282 589. MOTS a recruté au moins un médecin effecteur par région pour faciliter les contacts (le Dr Isabelle Sauvegrain, pour le Centre-Val de Loire), dans le strict respect du secret médical. La prise en charge de l’appelant par le médecin effecteur repose sur au moins deux longs entretiens visant à évaluer la situation du professionnel en souffrance. Les principaux motifs d’appel sont l’épuisement professionnel et les problèmes relationnels (les conflits). En 2020, 56 personnes ont été suivies dans la région, en majorité des généralistes, exerçant autant en libéral isolé qu’en groupe.

« L’objectif est de redonner la confiance en soi, de participer à l’éclairage d’une situation, a insisté le Dr Sauvegrain. N’hésitez pas à appeler avant d’être au bout du rouleau. Cela permet d’emblée de prendre du recul, de s’exprimer et de commencer à redevenir pilote de sa vie. Nous avons beaucoup de retours positifs. Enfin, il faut savoir qu’on peut aussi appeler pour quelqu’un d’autre ».

Deux CPTS ont par ailleurs témoigné sur leur volonté de « prendre soin des soignants » :

Pour la CPTS du Pays chartrain, Aurélie Letertre-Monnier, coordinatrice, et le Dr Emilie Vautrin-Césaréo, co-présidente, ont rappelé qu’avait été diffusé, en juin 2020, un questionnaire aux professionnels de santé du territoire dans le cadre du déploiement de la CPTS : 42 soignants y ont répondu, dont 39 souhaitant créer une offre d’aide et de soins pour les professionnels. Par ailleurs, 17 personnes ont déclaré éprouver du mal-être. Des actions vont être mises en place à la suite de cette enquête.

La CPTS Châteauroux and Co a, elle aussi, établi un questionnaire d’état des lieux, puis initié une prise en charge individuelle des professionnels en difficulté (évaluation médicale du mal-être, soins psychologiques, relaxation…) et organisé des ateliers collectifs de prévention (gestion du stress et du burn-out, danse - expression corporelle, techniques d’affirmation de soi…). « La question est maintenant de savoir comment se joindre aux collègues hospitaliers pour agir ensemble », a indiqué le Dr Laurence Philippe, présidente de la CPTS. La discussion qui a suivi cette présentation a mis en évidence l’intérêt des soins corporels (massage, piscine…) pour décrocher du burn-out intellectuel.

Vers une mutualisation des moyens et ressources au niveau départemental et régional. Il a été souhaité, au cours du webinaire, que soit réalisé un guide régional des ressources régionales, que soient identifiés des professionnels de santé prêts à s’investir au service de leurs collègues, que soient mutualisées à l’échelon départemental ou régional certaines prises en charges et que la promotion des solutions organisationnelles (assistants médicaux, formation des secrétaires…) soit développée.

Le webinaire s’est achevé par une présentation des pistes de travail communes envisageables avec l’hôpital, avec les Prs Philippe Colombat, président de l’Observatoire national de la qualité de vie au travail (ONQVT), et Patrice Beutter, président de la Commission de la vie hospitalière au CHU de Tours. Ces deux experts ont exposé la démarche participative de la qualité de vie au travail mise en place à l’hôpital, qui « dépend essentiellement du management de proximité ».

Cette démarche, qui s’avère également applicable à l’exercice libéral, débouche sur 4 recommandations : prendre soin de soi, créer des espaces d’échanges, revoir son mode d’exercice (alléger la charge de travail, diversifier son travail, éviter les conflits, limiter l’interruption des tâches, faciliter le travail grâce aux nouvelles technologies) et suivre les recommandations de l’ONQVT (qui mettent notamment l’accent sur la nécessité de créer des collectifs de travail, comme les CPTS, et des espaces d’échanges).

A la suite de ce webinaire, un groupe d’échanges va être créé sur le réseau social e-CPTS pour aller plus loin dans la réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour « prendre soin des soignants ».